samedi 26 mai 2018

Les antibiotiques, c'est bien mais chaque matin, je me demande si je fais caca pour deux jours ou pour deux personnes.

samedi 19 mai 2018

Les mariages princiers suscitent peut-être, malgré eux, un engouement populaire proche de la régression infantile. Le conte de fées "pour de vrai" en simultané avec les exigences de démocratie directe, ça ne vous semble pas curieux? Ces récits, il est bien possible que nous ne sachions plus du tout les lire.

lundi 14 mai 2018

ALERTE INFO: j'apprends par courriel que Royal Canin m'offre un an de nourriture.

vendredi 4 mai 2018

The Hungry Moon, de Ramsey Campbell

Cette note de lecture est également accessible dans Le Salon Littéraire.

 Dans ce roman paru en 1986, la commune de Moonwell (« le puits de la Lune »), située dans le nord de l'Angleterre, entre Sheffield et Manchester, voit se perpétuer ses coutumes héritées de l'époque druidique, en particulier celle consistant à décorer le pourtour d'un puits de mine abandonné, à chaque début de la saison estivale. Mais voici qu'un exalté religieux de confession chrétienne, Godwin Mann, se présente avec ses disciples afin de mettre un terme à ces pratiques païennes. Pour ce faire, il entreprend de descendre dans l'ancien puits afin de réduire à néant le mal qui, selon lui, s'y tapit. De fait, il rencontre effectivement quelque chose qui va le subjuguer et faire de lui sa marionnette. Personne ne se doute que ce qui remonte du puits n'est plus un être humain.

De manière lente mais inexorable, l'emprise de la secte va se resserrer sur Moonwell. La conversion (dont l'étymologie signifie « retournement ») va métamorphoser la population locale et, pour tout dire, en faire une masse très dangereuse mais ce n'est pas tout. En juin, en plein jour, l'obscurité tombe sur Moonwell, d'abord sous les apparences d'une tempête qui n'en finit pas de ne pas éclater, puis sous la forme de ténèbres infranchissables : le réseau électrique ne fonctionne plus, toutes les communications avec l'extérieur sont coupées, plus personne ne ravitaille la commune (dont il est désormais physiquement impossible de s'éloigner) ; plus aucune personne extérieure ne semble se souvenir de l'existence de Moonwell. Dans la bourgade et aux alentours, tout revêt ensuite une lumière blafarde et glacée, des présences mystérieuses et dangereuses rôdent, les visages des habitants prennent des apparences de masques lunaires, Mann ne sort plus de sa chambre d'hôtel dont la fenêtre devient la seule source de lumière au pied de laquelle les fanatiques et les phalènes humaines fanatisées viennent chanter des hymnes... Seules quelques personnes, sur lesquelles le contrôle de Mann (ou plutôt de ce qui possède Mann) ne parvient pas à s'exercer, tentent de résister à la violence ténébreuse qui s'est emparée de Moonwell.

The Hungry Moon (paru en français sous le titre La lune affamée, dans une traduction proposée par Gérard Lebec) illustre le proverbe selon lequel « qui veut faire l'ange fait la bête ». La lumière lunaire (moon) est inexistante en tant que telle, elle n'est que la lumière solaire réverbérée mais, par le fait de cette réflexion, elle devient autre chose, de même que l'être humain (man), qui ne peut regarder la lumière en face sous peine de mourir, doit réfléchir (mind, mentus), c'est-à-dire travailler en vue d'obtenir une connaissance qui ne peut être qu'indirecte, secondaire. Celle-ci n'en est pas moins légitime dans l'ordre qui est le sien. Le problème est justement que Mann (le bien nommé pour la circonstance) rejette, au nom de sa religiosité dévoyée, toute la part de puissance et de vérité contenue dans la symbolique pré-chrétienne. Pour quelle raison, en outre, Mann se lance-t-il dans cette croisade ? C'est parce que son acteur de père, jadis, joua le rôle du Diable dans une série b, ce qui l'embarrasse beaucoup mais le détail qui m'a immédiatement frappé en découvrant le personnage de ce fils halluciné, c'est qu'il est originaire de Californie. J'ai déjà eu l'occasion, ailleurs, d'indiquer à quel point la côte ouest des Etats-Unis est, en tant qu'extrême de l'Occident, la zone où naissent les simulacres les plus inquiétants de nos spiritualités traditionnelles. Le récit fictif accrédite cette réalité.

Pour ce qui est du monstre, il y a bien sûr plus d'un angle d'approche. Le fait d'être une forme d'intelligence non-humaine, d'antiquité pré-humaine, a fait dire à certains que Ramsey Campbell, l'auteur, avait pompé sur Stephen King lorsque celui-ci sortit, la même année, son pavé It. Il semble pourtant que Campbell se soit en fait inspiré d'Howard Phillips Lovecraft, écrivain difficilement contournable dans son genre (contrairement à King) mais à l'égard duquel il a su régler la dette. L'entité antagoniste de The Hungry Moon manifeste l'aspect ténébreux du symbolisme lunaire : ce qui est bonne réceptivité devient ici passivité redoutable ; la création heureuse placée sous le patronage de l'astre des nuits devient fécondité tératologique. Le vieux rite estival autour du puits de mine est en fait un dispositif de contention et une autre façon de voir les choses est évidemment de se pencher sur l'aspect purement métaphorique de l'adversaire surnaturel : ce dernier ne fait que matérialiser l'aveuglement de Godwin Mann et de ses sectateurs. À ce titre, on remarquera que Campbell, dans le texte, ne se réfère jamais à l'argent, métal traditionnellement associé à notre satellite (faisant ainsi de The Hungry Moon une sorte de lipogramme stylistique), comme si, en définitive, il s'agissait de ne pas oublier que la « vraie » Lune, notre Lune physique et folklorique habituelle, n'est pour rien dans la démence qui accable Moonwell.

Ramsey Campbell ne me donne pas entière satisfaction dans sa manière de dénouer l'intrigue. C'est fait, à mon avis, de manière trop rapide et pas assez creusée si l'on compare avec ce qui précède dans le roman où, là, tout est soigneusement installé. L'ambiance crépusculaire puis la terreur nocturne sont parfaitement exprimées (les scènes d'égarement forestier me semblent particulièrement efficaces) mais encore plus dérangeants sont les passages de The Hungry Moon dans lesquels toute la violence humaine se manifeste au stade intermédiaire de la possession ou, pour le dire autrement, quand, en définitive, il n'est peut-être nul besoin d'une espèce de vampire psychique pour la faire surgir. Cette violence-là, quelle qu'en soit au fond la cause, n'est hélas que trop réelle. Campbell, qui dit se sentir plus à l'aise dans l'écriture de nouvelles, prouve qu'il est loin d'être négligeable en tant que romancier, en dépit des gros camions à blockbusters qui monopolisent à l'ordinaire le devant de la scène en matière de littérature d'horreur et de fantastique.

jeudi 3 mai 2018

Les Black Blocks voulaient une commémoration du cinquantenaire... Ces gens sont d'un suranné...