Je
recommande chaudement le visionnage de ce nanar (produit à
Louisville, Kentucky, en 1971, sorti en 1972 aux USA et en 1975 en
France sous le titre : L'antre de l'horreur) pour ses
acteurs qui jouent comme des pieds (disons plutôt au mieux) un
script et des dialogues écrits avec les pieds. Lucina (Carla
Borelli), concertiste (piano), se rend dans une clinique de repos
suite à une dépression nerveuse. Sauf qu'elle a été prise en
charge contre son gré par l'étrange docteur Spector (Charles
Kissinger), directeur du lieu (qu'on n'appelle jamais « clinique »
mais « asile »). Là, en quelque sorte séquestrée, elle
ne sait pas encore qu'elle va servir de sacrifice humain à Satan :
celui-ci recherche des vierges et en échange du matériel fourni,
Spector renouvelle son immortalité. Le fiancé de Lucinda, un bœuf
pop du nom de Chris (Nick Jolly, qui chante aussi le thème du
générique), tente de la secourir.
Plusieurs
choses me viennent à l'esprit, comme ça : l'ensemble est mou
du fion bien qu'à certains moments, on trouve des effets visuels pas
inintéressants. Entre le moment où Chris part à la recherche de
Lucinda et le moment où celle-ci est délivrée des griffes du
Malin, on fabrique plusieurs macchabées par piqûres d'insectes
(d'après ce que j'ai vu), morsures de serpents, combustion, tête
tranchée. Lucinda, qui, de sa chambre, entend des bruits venant de
l'étage supérieur, se rend à la porte de la 319 (elle
occupe la 219) et se fait (un peu) courser par, je ne sais pas, un
zombie, un loup-garou. Il n'y a pas d'explication. Pas d'explication
non plus de ces autres patients, silencieux, vêtus de robes blanches
à capuchons, fixant, immobiles, l'œuf dur unique qu'on leur a servi
à la cafétéria de l'établissement. Mais pourquoi pas. La
silhouette de Spector, de profil au premier plan, lorsque Lucinda
arrive à l'asile, confère une aura de menace, aura renforcée par
les infirmières muettes, semblables à des drones. William Girdler
installe une notion de dédoublement entre l'asile opérationnel et
l'asile abandonné, ainsi que dans le cross-dressing de Spector. Le
problème est que même si les éléments d'une intrigue offrent plus
d'intérêt lorsqu'ils possèdent une certaine ambiguité, rien n'est
creusé là où il le faudrait, ce ne sont, semble-t-il, que des
amorces.
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Ne me demandez pas qui c'est: je n'en sais rien. |
La
fin est hilarante mais je ne sais pas si ça a été fait exprès :
pendant la scène du sacrifice, Satan refuse de « consommer »
Lucinda car, contrairement à ce qu'affirme Spector (qui l'a pourtant
examinée), elle n'est pas vierge ! Il y a eu tromperie sur la
marchandise, scrogneugneu ! Non mais tu imagines ? Tu
commandes une vierge, tu précises bien : une vierge, et
on te refile une déflorée ! Après, c'est sûr, ça chauffe un
peu pour Spector. La fin de la fin, en revanche, je ne suis pas sûr
d'avoir compris : peut-être que Satan décide-t-il de se
trouver un nouveau chasseur de têtes en la personne de Chris. Ce
retournement ne me semble pas indispensable car la bouffonnerie de la
scène sacrificielle est bien suffisante (je vois dans le générique de fin que la Church of Satan a dispensé des conseils techniques).
Les
dialogues sont nases, surjoués. Le vide est comblé de temps à
autre par une bande-son en elle-même pas trop dégueulasse. Carla
Borelli est jolie. Asylum of Satan,
au bout du compte, pourrait presque être joué dans
n'importe quelle cour de récréation (et ce que je dis là n'est pas
forcément négatif).