mardi 26 juin 2018

The Brain Eaters, de Bruno VeSota

 Lorsque ce film de Bruno VeSota sortit en 1958, il fallut en réduire la durée à la demande de Robert A. Heinlein qui, en 1951, avait écrit The Puppet Masters, roman dont l'intrigue ressemblait étrangement à celle de The Brain Eaters première mouture. Dégrossi, le film y fait un peu moins penser. Les producteurs (Ed Nelson, lui-même acteur principal, et Roger Corman, non crédité au générique) n'eurent pas d'autre choix que de s'exécuter sous la menace d'un procès pour plagiat intenté par Heinlein. Le problème fut réglé à l'extérieur des tribunaux : l'auteur du fameux Stranger in a Strange Land reçut cinq mille dollars (américains) en guise de dédommagement.

The Brain Eaters se laisse regarder en une soixantaine de minutes. Je ne sais pas ce que cela aurait donné dans la version initialement prévue mais en l'occurrence, cela me semble suffisant. Dans une petite ville de l'Illinois, Riverdale (ça n'existe pas que dans les Archie Comics!), une vague de meurtres se combine à la découverte en forêt d'une structure métallique d'origine semble-t-il non humaine. Elle est indestructible, on ne sait pas à quoi elle sert, son intérieur est constitué d'un enchevêtrement de conduits. Les meurtres sont effectivement liés au problème. Des parasites d'origine inconnue (du moins au début) s'emparent des humains en pénétrant à l'arrière de la nuque, modifiant ainsi leur comportement. En fait de mangeurs de cerveaux, cela dit, il faut se résigner à un énième titre ronflant : à peine ai-je vu une espèce de bout de mou parasitaire se faire proprement (non, vraiment proprement) disséquer dans un laboratoire. La section tranchée se met alors à ramper d'elle-même ; elle anticipe vaguement les espèces de petits étrons prenant le contrôle de l'humanité dans un film de Cronenberg, Frissons (Shivers ou encore The Parasite Murders, They Came from Within pour la version originale).

Ici, c'est plutôt les mangeurs d'avant-bras gauches.
Alors que l'emprise des parasites s'étend et que la ville se retrouve coupée du monde, quelques individus, comme on dit, tentent d'organiser la résistance. Je précise de suite que les acteurs, la plupart du temps, jouent comme des pieds et que le choix de certains plans est pour moi une énigme. Je me permets d'ajouter que le scénario lui-même (Est-ce dû au redécoupage du film ?) comporte, selon moi, des incohérences difficilement négligeables. Il s'avère que les parasites en question ne sont pas d'origine extra-terrestre mais terrestre, ils remontent du sol, plus exactement de la couche géologique marquant le Carbonifère. Dotés d'une grande intelligence (je veux dire : pour de petites moumoutes surmontées d'antennes bricolées à base de cure-pipes), ces êtres justifient leur prise de pouvoir par le désir de donner à l'humanité une civilisation de zombies d'où toute violence serait désormais exclue. Le problème, c'est qu'un peu plus tôt dans l'intrigue, un médecin nous apprend, suite à l'examen d'un cadavre de « possédé », que même s'il ne s'était pas fait tirer dessus, il serait mort en quarante-huit heures maximum à cause de l'acide sécrété par son parasite ! Et puis il y a ce savant rescapé d'une expédition disparue cinq ans plus tôt, qui fait sa réapparition à proximité de la structure en tire-bouchon. Il s'est évadé ? On l'a laissé partir ? Je l'ignore mais dans la structure en question, un autre membre de l'expédition, contrôlé lui aussi mais apparemment en bonne santé, informe nos héros résistants du fin mot de l'histoire puis disparaît dans un nuage de fumée. Pour faire bref, les Moumoutes de l'Apocalypse seront détruites grâce à l'électricité.
Ils sont pas méchants, ils veulent jouer!

      Tourné avec un budget riquiqui, joué sans trop de conviction, dépourvu le plus souvent de tension véritable (sauf, si l'on peut dire, lors de l'électrique conclusion), The Brain Eaters tentera de se rattraper en jouant la carte de la suggestion et non celle de la monstration (cette dernière étant de toute manière plus récente, suite aux progrès de l'imagerie et de la feignantise narratologique). Malgré tous ces défauts (ou à cause d'eux), c'est un nanar regardable. Un dernier point : l'acteur incarnant l'autre membre de l'expédition n'est autre que Leonard Nimoy (orthographié « Nemoy » dans le film). On ne le voit donc que sur la fin. Difficile à reconnaître, c'est sa voix qui permet de l'identifier. Live long and prosper ! 

Surtout, prendre un air dégagé.
      
Want some, bro?
            
C'est bien la dernière fois que je fais la corvée de gogues!
                                                                 

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