Je me retrouve en salle des profs comme si je n'y avais pas mis les pieds depuis des lustres, comme si j'avais séché depuis perpète. C'est toujours le même bordel. Les murs au papier peint beige pisseux laissent complaisamment s'étaler des panneaux d'information en liège, panneaux sur lesquels des notes de service se reproduisent à n'en plus finir. La pièce n'est pas grande et très encombrée de vieux mobilier, de la boiserie administrative d'après-guerre, et des classeurs métalliques. Des annuaires, des référents de diplômes, du courrier, d'autres notes de service, des classeurs cartonnés, des chemises: c'est le bordel absolument partout. Des bipèdes se trouvent dans la pièce. Ces formes de vie sont censées être des collègues. Ils ne m'adressent pas la parole. Je ne m'occupe pas d'eux. Je suis arrivé là après une sorte d'errance douloureuse et ouatée dans les méandres de l'établissement, par l'entremise de mystérieux raccords (des ponts d'Einstein-Rosen?) qui m'ont fait quitter la ville sans presque m'en rendre compte, sans avoir pris les classiques transports en commun. Je me pose dans un coin. Je ne sais à vrai dire pas trop ce que je fous en ce lieu. Soudain, je morfle un direct à la conscience, j'en manque tomber à la renverse: j'ai pas fait le CCF des Term BEPA LV2! Putaaain... Et on est presque à la in de l'année scolaire... Le CCF: Contrôle en Cours de Formation, invention pédagogole d'une naine trotskyste à qui j'eus l'heur de fortement déplaire (dès le début). 50% du diplôme en CCF, 50% en épreuves terminales. Les deuxième année de BEP y ont droit aussi, en LV2... C'est un écrit... Tout à coup (encore, oui): deuxième pain dans les neurones. J'ai pas encore corrigé le CCF des Term BEPA LV1! Meeerde... Il a été fait, celui-là (un écrit également), mais comme d'habitude, j'ai traîné, je me suis branlé ou plutôt, je n'ai rien branlé, je n'en avais rien à branler, j'ai branlé autre chose... N'empêche, ce retard à rattraper... Je vais devoir me fracasser tout ça en un temps record et encore, je ne sais même pas si je suis toujours dans les clous, administrativement... Faire des avenants au PPF (Plan Prévisionnel de Formation)? En cette fin de cycle? Impensable.
Et puis, sans prévenir: troisième choc. Et ça donne:
Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre, de toutes ces conneries?
Pourquoi est-ce que je m'emmerde avec ça?
JE NE SUIS PLUS TENU DE M'OCCUPER DE CES CHOSES.
Je repars, dans l'espoir de me choper un trou de ver, une transition sensible mais frappée du sceau de mon étrange cohérence (tant pis, sinon, je prendrai un TER) qui me ramènera en ville. Où je pourrai me manger une pizza!
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