On m'a soumis, hier, la
question des shorts ultracourts, plus précisément de leur impact
esthétique, émotionnel sur les observateurs concernés. Pris de
court, voire d'ultracourt, par la question, de surcroît abruti par
la chaleur de cet après-midi de juin, il me semble avoir balbutié
des platitudes. La chose peut-être la plus intelligente que j'aie
répondu tournait autour de la notion de corps-marchandise dans la
civilisation capitaliste. J'ai également évoqué l'hypocrisie, la
misogynie (la mienne), le supplice de Tantale et, tout bêtement, la
température caniculaire.
Je repense aujourd'hui à
cet entretien que Serge Gainsbourg donna en 1968. À partir de neuf
minutes et trente-trois secondes, il y est question des femmes
contemporaines. On sera peut-être surpris d'entendre, dans les
propos de Gainsbourg l'iconoclaste, des opinions assez
conservatrices. Personnellement, non. Je les transpose en 2017, pour
voir ce que ça donne, et je ne trouve pas grand chose à changer.
Mon interlocuteur d'hier
me fait l'honneur de me lire et je l'en remercie. C'est en pensant à
lui que j'ai remis en ligne Mater des culs, texte écrit en juin
2011, c'est-à-dire presque un an après ma mort administrative et
sociale. On peut regarder une peinture, celle-ci semble étrange,
disons qu'elle a ses caractéristiques. L'artiste ne lui ressemblera
pas forcément. Mon interlocuteur me lit et moi, je l'écoute avec
attention. Dans quelle mesure ce raisonnement s'applique-t-il à ce
texte ? Voire à tous mes textes ?
En tout cas, il me semble
que nous ne comprenons plus rien à la sexualité, au désir. Il
paraît qu'il n'existe en définitive qu'une seule sexualité. Je
n'aime pas ce réductionnisme biologique. Je me demande si ceux qui
le mettent en avant sont (ou ne sont pas) à deux doigts de
cautionner la pédophilie ou la zoophilie. Je me demande par ailleurs
s'ils ne confondent pas (délibérément) désir sexuel et libido. La
libido n'est pas nécessairement sexuelle et c'est elle, je pense,
qui est unique et se manifeste, entre autres, dans le désir sexuel.
Un burger bien gras (ou un américain) qui m'attire, c'est charnel
mais pas sexuel. Derrière cela, derrière n'importe quel désir se
tient, se fait sentir la quête de la Plénitude Perdue, ce que
Martinès de Pasqually, en son temps, appela le désir de
réintégration de l'Être.
Plusieurs sexualités.
L'orientation sexuelle. Il y a ce que j'appelle les homosexuel(le)s
véritables et ceux fabriqués, en quelque sorte, par les médias et
le gauchisme. LGBT Pride à Strasbourg, il y a quelques années :
au beau milieu du cortège, la banderole des jeunes du PS, section
Alsace. Qu'est-ce que ces connards faisaient là sinon de la
« pédagogie » ? L'hétérosexualité, c'est le Mal.
L'homosexualité, c'est le Bien. Virez votre cuti, c'est la liberté
et, en plus, on vous accordera peut-être un prêt pour votre
appartement, une promotion dans votre service. C'est pigé, les
lumpen ?
La Plénitude Perdue :
l'état qui fut celui de notre humanité avant ce que certains
appellent la Chute. La Chute dans la mort, le temps, la merde,
l'entropie. Si j'étais gnostique, je dirais que nous nous trouvons
prisonniers dans le monde créé par le Démiurge, alias le Dieu de
l'Ancienne Alliance (au minimum). Mince, le Serpent, le Tentateur,
serait lui-même le Démiurge ou alors les Archons, messagers (anges)
du Démiurge, en auraient fait un salaud pour les siècles des
siècles ?...
L'androgynie primordiale
est à mon avis la forme réelle de l'être humain. Nous en portons
des vestiges : qu'on m'explique comment il se fait que les
hommes ont des seins qui ne leur permettent pas d'allaiter, et les
femmes un clitoris qui ne leur permet pas d'engendrer. Je crois
savoir qu'un fœtus, du moins au commencement de la gestation, porte
la marque des deux sexes. C'est un androgyne. Ces choses existent
depuis le début de la Chute, ce désastre ontologique, autrement dit
depuis fort longtemps avant les LGBT Prides. Et encore, même avant
la Chute, il se produit déjà une sorte d'éloignement par rapport
au Principe : c'est la création d'Ève à partir d'une côte
d'Adam. Puisque « homme et femme il les créa »... Si
l'Ancien Testament rebute, ce n'est pas grave. Il vous reste quand
même Phèdre et Le Banquet, de Platon. J'en devine certains :
« Mais pour qui il se prend, ce Sunderland, à se la péter
prof alors qu'il critique les gentils jeunes socialistes ? »
C'est que, voyez-vous, à
vos banderoles je préfère les phylactères et que l'entreprise de
gogolisation générale et terminale ne m'empêchera jamais de
bouffer un burger huileux, à cuisson unique (c'est de la viande
surgelée, dans les fastefoudes), tout en relisant le Pentateuque,
Platon, Martinès et les autres.
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