Elles
sont belles, ces gonzesses sur le mur. Mes muses en body painting,
beaux culs, dos bien déliés, bien dégagés pour mieux donner à
voir les reproductions des grands albums de Pink Floyd. Mike est un
inconditionnel. Les Pink Floyd muses sont accrochées en belle
reproduction dans ses chiottes mais, en fait, sur l’instant, je ne
les vois pas. Je sens leur présence dans mon dos. Nous sommes dos à
dos, en fait, tandis que je gerbe tout mon soûl, toute ma soul. Ca
part tantôt en filets roses, tantôt en canonnade, flot livré à la
zone hadale, agréé par la nuit de la plomberie, dark side of the
gerbe, les filles se tiennent derrière moi, en surplomb, elles me
protègent, m’empêcheront de mourir, néanmoins je m’accroche au
siège dans mon vertige, la tête bien penchée, puis des voix
célestes descendent jusqu’à mes oreilles, YO PAULO, CA VA ?
Mike et Marty, en avance sur moi dans la phase de rémission, se font
une place du mieux qu’ils peuvent à l’étage, parmi les
claviers, les guitares, les tables de mixage, les zinzins auxquels je
ne comprends pas grand chose. OUAIS, réponds-je pour les rassurer,
et je pense qu’ils entendent mon sourire, comme au téléphone. En
réalité, ce n’est pas fini, je contemple une matière étrange
qui se dilue plus ou moins dans l’eau, les miasmes sont assez
réussis, suffisamment pour que la marée revienne et c’est
reparti, je vais bientôt apercevoir des tentacules dans le vomi et
entendre des voix mortes lâcher des incantations de fosse septique.
Pourtant, mon programme est clair : évacuer le maximum en un
minimum de temps. Etrange, cette lucidité que je conserve même dans
les moments les plus infraorganiques. Je sue mes toxines à grosses
gouttes, prends bien appui et me relève doucement. J’ai déjà le
froc et le slibard baissés. La lucidité, encore et toujours ;
je les ai défaits à peine entré dans le chiotte, il y a quelques
minutes, quand j’ai senti que ça allait gicler, quand Mike, encore
au salon avec Marty, m’a dit t’es blanc comme un cul. J’ai
répondu exact, je ne le vois pas mais je le sens. Et j’ai foncé.
A présent assis, je sens un aggloméré de merde me quitter
lentement et massivement comme un maléfice brun. Je revois mes
muses. En haut se jouent quelques harmonies, j’entends des pistes
enregistrées par Mike. Quand il aura fini de retaper sa grange, il
transférera tout son matériel et ce sera un vrai studio, de niveau
professionnel. Je me torche, tire la chasse, me lave bien les mains.
A la cuisine, je descends un coca cul sec ou presque, rote comme un
monstre. Je ne transpire plus, c’est en train de sécher,
l’équilibre est revenu. LES GARS JE MONTE ET JE VOUS ENFONCE UN
THEREMIN DANS LE CUL, JE COMMENCE PAR QUI ? Je n’enfonce rien
du tout en fait, car je joue aussi mal qu’eux de ce magnifique
instrument. En revanche, l’escalier tournant est parfaitement
négocié. J’ai laissé mes scories très bas et dans les combles
nous étendons maintenant nos mains solennelles et maladroites sur le
velours électrique de la nuit extra-terrestre.
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