dimanche 13 août 2017

De bas en haut

Elles sont belles, ces gonzesses sur le mur. Mes muses en body painting, beaux culs, dos bien déliés, bien dégagés pour mieux donner à voir les reproductions des grands albums de Pink Floyd. Mike est un inconditionnel. Les Pink Floyd muses sont accrochées en belle reproduction dans ses chiottes mais, en fait, sur l’instant, je ne les vois pas. Je sens leur présence dans mon dos. Nous sommes dos à dos, en fait, tandis que je gerbe tout mon soûl, toute ma soul. Ca part tantôt en filets roses, tantôt en canonnade, flot livré à la zone hadale, agréé par la nuit de la plomberie, dark side of the gerbe, les filles se tiennent derrière moi, en surplomb, elles me protègent, m’empêcheront de mourir, néanmoins je m’accroche au siège dans mon vertige, la tête bien penchée, puis des voix célestes descendent jusqu’à mes oreilles, YO  PAULO, CA VA ? Mike et Marty, en avance sur moi dans la phase de rémission, se font une place du mieux qu’ils peuvent à l’étage, parmi les claviers, les guitares, les tables de mixage, les zinzins auxquels je ne comprends pas grand chose. OUAIS, réponds-je pour les rassurer, et je pense qu’ils entendent mon sourire, comme au téléphone. En réalité, ce n’est pas fini, je contemple une matière étrange qui se dilue plus ou moins dans l’eau, les miasmes sont assez réussis, suffisamment pour que la marée revienne et c’est reparti, je vais bientôt apercevoir des tentacules dans le vomi et entendre des voix mortes lâcher des incantations de fosse septique. Pourtant, mon programme est clair : évacuer le maximum en un minimum de temps. Etrange, cette lucidité que je conserve même dans les moments les plus infraorganiques. Je sue mes toxines à grosses gouttes, prends bien appui et me relève doucement. J’ai déjà le froc et le slibard baissés. La lucidité, encore et toujours ; je les ai défaits à peine entré dans le chiotte, il y a quelques minutes, quand j’ai senti que ça allait gicler, quand Mike, encore au salon avec Marty, m’a dit t’es blanc comme un cul. J’ai répondu exact, je ne le vois pas mais je le sens. Et j’ai foncé. A présent assis, je sens un aggloméré de merde me quitter lentement et massivement comme un maléfice brun. Je revois mes muses. En haut se jouent quelques harmonies, j’entends des pistes enregistrées par Mike. Quand il aura fini de retaper sa grange, il transférera tout son matériel et ce sera un vrai studio, de niveau professionnel. Je me torche, tire la chasse, me lave bien les mains. A la cuisine, je descends un coca cul sec ou presque, rote comme un monstre. Je ne transpire plus, c’est en train de sécher, l’équilibre est revenu. LES GARS JE MONTE ET JE VOUS ENFONCE UN THEREMIN DANS LE CUL, JE COMMENCE PAR QUI ? Je n’enfonce rien du tout en fait, car je joue aussi mal qu’eux de ce magnifique instrument. En revanche, l’escalier tournant est parfaitement négocié. J’ai laissé mes scories très bas et dans les combles nous étendons maintenant nos mains solennelles et maladroites sur le velours électrique de la nuit extra-terrestre.



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