jeudi 3 août 2017

The Ultimate Warrior, de Robert Clouse

The Ultimate Warrior est un film de Robert Clouse, sorti en 1975. Ses principaux acteurs sont Yul Brynner, Max von Sydow, Joanna Miles, William Smith, Richard Kelton et Stephen McHattie.

Le titre français, New York ne répond plus, est un peu trompeur car, concrètement, personne n'appelle la Grosse Pomme! Tout le monde ou presque a passé l'arme à gauche à la suite d'une pandémie. Dans la ville en ruines, en cette année 2012, quelques survivants sont groupés en communautés. Deux factions s'affrontent: celle du Baron (Max von Sydow), qui est parvenue (grâce à un ancien scientifique aux pouces verts) à faire pousser des graines, des légumes sur le toit d'un immeuble. L'autre est celle de Carrot (William Smith), plus violente et peut-être "vaguement" anthropophage. La situation, de toute façon, se dégrade malgré le jardin que les virus désormais disparus ont épargné. Les attaques de Carrot se font plus fréquentes.

Le Baron engage alors un combattant énigmatique, Carson (Yul Brynner), afin de fournir un renfort. De Carson, on sait qu'il vient de Détroit et qu'il a l'intention de se rendre sur une île au large de la Caroline du Nord où, dit-il, il a de la famille. Le Baron comprend que seuls des individus choisis (par lui-même), à qui seront confiés des échantillons de graines, seront en mesure de survivre là-bas. On ne peut plus rien à New York. Melinda (Joanna Miles), la fille du Baron, partira avec son compagnon Cal (Richard Kelton) de qui elle attend un enfant. Carson les escortera mais c'est sans compter avec Carrot et même, d'un certain point de vue, avec la propre communauté du Baron.

C'est un film âpre, violent, que je n'ai pas regardé comme un divertissement. Son titre anglais, à mon sens, ne correspond pas davantage aux événements; je dirai du moins que ce qui m'a plus frappé que le personnage de Carson, c'est l'état du monde en ces temps de survie. Le film s'ouvre sur une série de plans fixes de l'agglomération new-yorkaise. On ne voit personne, que des voies de chemin de fer à l'abandon, des structures rouillées, des friches. Le bruit du vent confère en quelque sorte la touche esthétique finale à cette désolation extrême (en fait pas si fictive que ça, en comparaison du New York intra-muros reconstitué dans un studio californien). Le sous-titre, A Film of the Future, me paraît plus intéressant: on y assiste purement et simplement à l'échec de la vie communautaire, à vocation égalitariste.

Les carottes sont cuites (mais pas pour Carrot).
Commercialisé en 1975, en pleine crise pétrolière, The Ultimate Warrior signe l'échec du rêve hippie. L'être humain ne peut vivre sans une hiérarchie. Il ne s'agit pas simplement de maintenir l'ordre par le biais d'une figure d'autorité. Certes, cela semble plus facile d'obéir à un sage qui saura répartir la nourriture, l'eau, les vêtements, etc. Carrot, manifestement, règne par la violence physique, la crainte qu'il inspire (Smith est convaincant à en faire oublier son intellectualisme). Le Baron semble plus cérébral, minutieux, raffiné mais le tourment l'accompagne (il sait qu'il n'est pas le messie que les autres attendent), il n'est pas à l'abri d'une erreur de jugement. Quelque peu manipulateur, il fait aussi des choix déterminants mais au détriment de sa communauté: sa fille et son compagnon (mais ce dernier se fait tuer lors d'un affrontement) partiront avec Carson pour la Caroline du Nord. Ses choix se retourneront contre lui, contre tous les siens. Le rapport entre Carson et Carrot, dont l'affrontement est repoussé à la fin de l'histoire mais dont on devine dès le début la tension croissante, est somme toute direct et même en forme de ligne droite. Lorsque je parle ici de ligne droite, je me comprends car, en regardant le film, on comprend que cela prend une forme littérale.

Et sinon, vous faites les chemises pour homme?...
Sauver l'avenir, sauver la vie. Le gros des deux communautés, en fait, se ressemble: bouffer, ne pas crever. Baiser? Tuer pour bouffer, tuer pour passer sa colère. Le Baron semble tellement au-dessus du lot qu'on peut aussi interroger ses motivations. Témoin cette scène au cours de laquelle il demande à Carson de privilégier les graines, en cas de péril extrême. C'est-à-dire que Carson doit considérer que Melinda, que le Baron s'efforce malgré tout de faire exfiltrer de New York, devra être sacrifiée s'il le faut. Donc, à tout prix faire pousser les graines, ensemencer, redémarrer l'agriculture. À l'usage de qui, cependant? Des gens que Carson connaît sur cette île côtière, loin du cauchemar post-urbain? Qu'est-ce qui nous dit cependant qu'ils ne sont pas aussi corruptibles et affaiblis que leurs congénères de la ville fantôme? Ces questions, qui ne seront peut-être que les miennes, restent sans réponse au niveau de cette intrigue qui, à sa manière, annonce le cultissime Escape From New York. The Ultimate Warrior n'est absolument pas un nanar mais une solide série B dotée d'une réalisation efficace, sans temps morts, et d'acteurs convaincants. (Brynner fut en bons termes avec le cinéma d'anticipation: deux ans plus tôt, soit en 1973, il joua de façon très efficace un robot déréglé dans Westworld). Le futur a foiré. Le nôtre aussi, déjà peut-être. Voyons donc ce qu'en pense le rétrofuturisme des mid-seventies.

Il est possible de fumer le système en regardant gratuitement ce film ici.


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