jeudi 27 juillet 2017

Phoenix Forgotten, de Justin Barber

Phoenix Forgotten est un film américain sorti en avril 2017, dirigé par Justin Barber. Ses acteurs principaux sont Chelsea Lopez, Florence Hartigan, Justin Matthews et Luke Spencer Roberts. Il se base sur un incident réel, les Lumières de Phoenix, survenu le 13 mars 1997. Ce jour-là, en soirée, des lumières mystérieuses au-dessus de la ville sont observées par plus de dix mille personnes. Comme il faut s'y attendre, tout est fait pour ne pas se replier sur le phénomène ovni. (Je pense entre autres à la réaction officielle, très médiatisée, du Gouverneur de l'Arizona Fife Symington III: une véritable insulte à l'intelligence - et à ses administrés.) À partir de ces faits, Barber invente l'histoire de trois jeunes partis enquêter caméra au poing, de leur propre initiative, dans la région de Phoenix. Mais ils disparaissent purement et simplement. Vingt ans plus tard, la sœur de l'un d'eux découvre deux cassettes vidéos de ce qu'ils ont filmé. C'est en particulier le deuxième enregistrement qui montre le dénouement de leur expédition.

Cette histoire de disparition, donc, est fictive. Filmée à la manière du célèbre Blair Witch, c'est surtout dans sa dernière demi-heure qu'elle se révèle la plus intense. Trop, peut-être, car elle accumule de manière un peu lourde une série de phénomènes problématiques fréquemment associés à l'observation d'ovnis: affolement d'une boussole, dérèglement du balayage électronique d'un écran de camescope, cadavres d'animaux mutilés, sons étranges dans l'air, saignements de nez. L'enlèvement par une intelligence semble-t-il non humaine est précédée, chez chacun des trois protagonistes (enlevés un par un), par une hallucination visuelle: la présence, dans la nuit des canyons, d'un proche venu les chercher. La capture en tant que telle, en particulier la dernière, montre une force (l'antigravité) contraignant la matière (objets, corps) à tomber vers le haut. Aucune des trois victimes, à l'issue du film, ne sera retrouvée. Comme rien n'est expliqué, il n'était peut-être pas indispensable d'enfiler comme des perles tous ces "indices". Dans cette énigme dont les caricatures tiennent au moins autant de la désinformation que de la volonté d'acclimatation (la deuxième est au fond peut-être encore plus suspecte que la première), il se peut que chacun soit relié aux autres mais cette concaténation, en définitive, ressemble trop à un effort désespéré d'emporter notre conviction. ("Voyez: l'explication, ce sont bien les ovnis, pas une agression humaine, pas un triangle amoureux entre les deux gars et la fille!")

Non, je ne vois pas de câble. 
Nous restons donc avec la seule certitude que quelque chose interagit depuis très longtemps avec notre espèce. Un élément, selon moi important mais peut-être pas, lui, assez souligné, c'est l'ancienneté de cette présence. Un Amérindien (de la nation apache) interviewé par les trois lycéens mentionne une cosmogonie impliquant des êtres venus du ciel. En outre, lors de leur traversée de canyons, ils tombent sur des graffiti indiens: cercles concentriques, mains au pochoir. Le film a été tourné en décors naturels mais, pour être franc, je ne sais pas du tout si ces exemples de ce qu'on considère un peu trop vite comme du "simple" art pariétal ont été plaqués sur la roche pour le besoin du tournage ou s'ils existent réellement. À la limite, peu importe. Que ce soit ou non un clin d'œil à Blair Witch (il s'en trouve d'autres: Alien, X-Files, Contact), les trois jeunes ne comprennent pas, là non plus, l'importance et le danger potentiel qu'il y a à pénétrer en profanes sur un territoire sacré. La curiosité légitime, ici, n'est pas un viatique. Cela résulte d'une éducation totalement déconnectée de la pensée traditionnelle, ainsi que le souligne la marche cyclique du temps.

Le choix d'une narration de type "found footage" montre malgré tout, selon moi, une méfiance envers le récit médiat, pour ne pas dire médiatisé. Ici, tout est immédiat, c'est-à-dire montré sans filtre. Je sais bien que ce sous-genre est considéré comme mort et enterré, que beaucoup ont émis des critiques négatives à l'égard de Phoenix Forgotten. Je pense pour ma part que le succès mondial du fameux Close Encounters of the Third Kind, de Spielberg, masque des intentions pour le moins suspectes. Le chouchou d'Hollywood y cautionne de fait la pratique des opérations de cover-up (désinformation) gouvernementales et impose une narration pédagogique à forte dose d'angélisme (de gentils extra-terrestres) au sommet d'une tour du Diable. Phoenix Forgotten, c'est aussi le refus du traitement de l'information. Je ne peux qu'applaudir cet aspect d'un film à ne pas dédaigner malgré ses quelques maladresses.


À votre place, j'y réfléchirais à deux fois avant de continuer...

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