The Angry Red Planet est un film d'Ib Melchior, sorti fin 1959. Les acteurs principaux sont Gerald Mohr, Nora Hayden, Les Tremayne et Jack Kruschen.
La fusée MR-1 (Mars Rocket 1) revient sur Terre après le premier vol habité vers Mars. D'abord considérée comme perdue dans l'espace, la fusée fait sa réapparition mais le contrôle au sol ne parvient pas à contacter l'équipage. Par téléguidage, MR-1 atterrit avec succès. On y trouve deux survivants, le docteur Iris Ryan (Naura Hayden) et le colonel Tom O'Bannion (Gerald Mohr), dont un des bras est recouvert d'une étrange excroissance d'origine extra-terrestre. Le rapport de mission est relaté par Ryan, espérant de la sorte guérir O'Bannion.
Au cours d'une exploration de la surface martienne, Ryan est attaquée par une plante carnivore. Celle-ci est tuée grâce à un fusil à rayon congelant (surnommé Cleo) utilisé par le chief warrant officer (adjudant-chef) Sam Jacobs. L'équipage découvre également une immense créature tenant de la chauve-souris, du rat et de l'araignée (ayant pris pour des arbres ce qui est en fait ses pattes). L'être est repoussé, à nouveau par Jacobs. Lorsqu'ils retournent à leur vaisseau, les quatre astronautes se rendent compte que leurs signaux radio sont bloqués et que MR-1 est maintenue au sol par un champ de force. O'Bannion mène une expédition jusqu'à un lac où ils aperçoivent une cité sur la rive opposée. Ils entament la traversée du lac dans un radeau gonflable mais leur progression est arrêtée par une créature géante semblable à une amibe et dotée d'un œil unique dont le globe est en rotation complète permanente. L'amibe tue Jacobs et infecte le bras d'O'Bannion. Les survivants regagnent précipitamment MR-1 et entament la procédure de décollage. Le professeur Theodore Gettell, concepteur de la fusée, meurt de ce qui semble être une crise cardiaque causée par le stress du départ. Les survivants retournent alors sur Terre où le bras d'O'Bannion est guéri grâce à des chocs électriques (méthode ayant également servi à se débarrasser de l'amibe qui tentait de ronger MR-1).
Lorsque les scientifiques tentent d'examiner les bobines sur lesquelles sont consignés les détails de l'expédition martienne, tout ce qu'ils trouvent est un message enregistré. Une voie non-humaine annonce qu'il a été permis à l'équipage de la fusée MR-1 afin qu'il puisse livrer à la Terre le message en question. Depuis le début de l'Histoire, les Martiens observent le développement des Terriens et pensent que notre technologie a pris de l'avance sur notre maturité culturelle et spirituelle; ils accusent par ailleurs les Terriens d'avoir envahi leur monde. Les Martiens avertissent l'humanité: que celle-ci ne retourne jamais sur Mars ou la Terre sera détruite en guise de représailles.
Et encore, en 59, elle a pas maté Alien... |
Je me demande un peu quelle est la véritable anatomie des Martiens, dans ce film. La question de la vie sur cette planète n'est pas centrale, d'ailleurs. Tout le monde sait qu'on y trouve des végétaux. L'énigme véritable tourne autour de la possibilité d'une vie intelligente, c'est-à-dire d'une ou plusieurs civilisations, d'une conscience consciente d'elle-même et capable d'écrire son histoire. Cette vie se résume-t-elle aux espèces contre lesquelles les Terriens doivent lutter? Lorsqu'on se penche sur l'architecture de la cité martienne aperçue sur une rive du lac, on est tenté de se dire qu'elle est plus avancée que la nôtre (plus "futuriste" par rapport à la planète Terre de 1959 telle qu'elle est montrée dans ce film) mais qu'elle semble l'expression d'une forme de vie humanoïde. La plante carnivore, l'araignée chauve-souris-rat et le blob-amibe n'y correspondent pas a priori. Seul, éventuellement, un être à trois yeux, aperçu derrière un rocher, pourrait posséder des caractéristiques anthropomorphes (une tête, un torse, deux bras, deux jambes). Les autres sont-ils alors une "simple" flore/faune? Servent-ils dans certains cas de protecteurs de la civilisation martienne?
Gettell est convaincu que cette civilisation fonctionne comme un cerveau collectif. Ici, nous retrouvons le vieux cliché de l'extra-terrestre comme métaphore du communisme, typique de la guerre froide. Il y a tout de même une inversion de taille, dans The Angry Red Planet: même si l'équipage de MR-1 se rend sur Mars au nom de l'humanité entière (ce qui, d'ailleurs, n'est jamais dit), l'équipage et le contrôle au sol sont strictement américains. Il est vrai aussi que pas mal d'images d'archives sont utilisées, principalement dans les premières minutes du film: base aérienne, salle de contrôle, techniciens affairés (à coup sûr pour impressionner, au passage, certaines "puissances étrangères"!)... Concrètement, cela réduisait aussi pas mal les coûts de production. Cela posé, il n'est pas impossible non plus que le thème de l'invasion ait profondément marqué Ib Melchior lui-même. Melchior, de culture danoise et américaine, était aussi un écrivain et un héros de la Seconde Guerre mondiale. Ses romans, qu'à ce jour je n'ai pas lus, reflètent peut-être cette préoccupation. C'est à creuser. Il n'en demeure pas moins une sorte d'équation à résoudre entre la notion d'intelligence collective, pressentie par Gettell, et celle d'avancée spirituelle que, selon les Martiens du film, nous ne possédons pas, notre technologie nous ayant dépassés. Cette dernière problématique, nous la retrouvons, quoique sous des espèces différentes, dans le débat sur l'intelligence artificielle, le transhumanisme, le complexe militaro-industriel. (Pour l'écriture du scénario du film, le producteur Sidney W. Pink s'est fait aider par ses enfants!)
Il est pas méchant, il est timide! |
On peut faire dire beaucoup de choses à ce film et me répondre que c'est juste un énième nanar de l'époque. Budget étique, calendrier serré: il a fallu le pondre dans l'urgence. La technique Cinemagic (travail sur des négatifs) a permis, à peu de frais, de donner aux scènes martiennes leur couleur et leur apparence de dessin animé. Certains ont critiqué ce résultat mais je trouve pour ma part que cela passe bien et va jusqu'à conférer un charme certain à cette planète souvent visitée dans le domaine de la fiction. (Je pense entre autres à un passage du curieux Selestor's Men of Atlantis dans lequel un astronome de cette île soi-disant légendaire observe dans un télescope une bataille menée entre des Martiens et des Neptuniens.)
Là où la réalité semble se mêler de façon très étrange à la fiction, c'est lorsque l'astronome Asaph Hall découvrit en 1877 Phobos et Déimos, les satellites naturels de Mars, or ceux-ci furent annoncés en 1726 par Jonathan Swift, dans Les Voyages de Gulliver (partie III, chapitre III). Swift, de plus, donna de façon correcte leur période de rotation et leur distance par rapport à Mars. Quelqu'un peut-il m'expliquer?... L'exploration de cette planète (et de ses satellites), en outre, semble vouée à une "malédiction": depuis 1960, on compte 29 missions martiennes ratées pour 19 réussies. (Il y a eu aussi des échecs en direction de Phobos, corps céleste détenant aussi sa part de mystère.) Certains échecs semblent d'ailleurs trop stupides pour ne pas être étranges (Mars Climate Orbiter, 1998). Le dernier en date, à ma connaissance, remonte au 14 mars 2016, lorsque l'atterrisseur européen Schiaparelli s'est écrasé à la surface martienne. Cette mission était censée expliquer la présence de méthane dans l'atmosphère martienne, à certains moments de l'année. Qui dit méthane dit...
The Angry Red Planet peut se regarder gratuitement ici.
"Salut, ça mars comme tu veux?" |
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