Yesterday a morning
came, a smile upon your face.
Caesar's palace,
morning glory, silly, silly human race,
On a sailing ship to
nowhere, leaving any place,
If the summer change
to winter, yours is no disgrace.
Battleships confide in
me and tell me where you are,
Shining, flying,
purple wolfhound, show me where you are,
Lost in summer morning, winter, travel very far,
Lost in losing
circumstances, that's just where you are.
Yesterday a morning
came, a smile upon your face.
Caesar's palace,
morning glory, silly human race,
On a sailing ship to
nowhere, leaving any place,
If the summer change
to winter, yours is no,
Yours is no disgrace.
Yours is no disgrace.
Yours is no disgrace.
Death defying, mutilated armies
gather near,
Crawling out of dirty
holes, their morals, their morals disappear.
Yesterday a morning
came, a smile upon your face.
Caesar's palace,
morning glory, silly human, silly human race,
On a sailing ship to
nowhere, leaving any place,
If the summer change
to winter, yours is no,
Yours is no disgrace.
Yours is no disgrace.
Yours is no disgrace.
Battleships confide in
me and tell me where you are
Shining, flying,
purple wolfhound, show me where you are
Lost in summer morning, winter, travel very far
Lost in musing
circumstances, that's just where you are.
Hier un matin est venu,
un sourire sur ton visage.
Palais de César,
belle-de-jour, bête, bête race humaine,
Sur un navire toutes
voiles pour nulle part, laissant tout,
Si l'été se fait hiver,
ta disgrâce n'en est pas une.
Des navires de guerre me
confient ta position,
Splendide, aérien,
violet chien de chasse, montre-moi ta position,
Égaré en été, au
matin, l'hiver, voyages au loin,
Égaré dans des
questions, c'est là ta position.
Hier un matin est venu,
un sourire sur ton visage.
Palais de César,
belle-de-jour, bête race humaine,
Sur un navire toutes
voiles pour nulle part, laissant tout,
Si l'été se fait hiver,
ta disgrâce,
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Défiant la Mort, des
armées mutilées se massent non loin,
Glissant de trous de
boue, leur morale, leur morale s'évanouit.
Hier un matin est venu,
un sourire sur ton visage.
Palais de César,
belle-de-jour, bête race humaine,
Sur un navire toutes
voiles pour nulle part, laissant tout,
Si l'été se fait hiver,
ta disgrâce,
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Ta disgrâce n'en est pas
une.
Des navires de guerre me
confient ta position,
Splendide, aérien,
violet chien de chasse, montre-moi ta position
Égaré en été, au
matin, l'hiver, voyages au loin,
Égaré dans des
questions, c'est là ta position.
Il n'est pas question
ici, dans ce titre de 1971 (composé par tous les membres de Yes), de
se prononcer pour ou contre la guerre du Vietnam mais d'alléger le
fardeau de la conscience douloureuse chez le soldat. Pas un soldat en
particulier mais tous les soldats concernés au cas par cas, s'il on
ose dire. Tous n'ont pas brûlé en place publique leurs ordres de
ralliement. Tous n'ont pas été insoumis à la conscription
obligatoire.
Il y eut donc d'abord la
confiance en l'Etat et son discours, le matin radieux de la fleur au
fusil. « Morning glory » est littéralement cette gloire
du matin mais le terme désigne aussi une fleur (genres Convolvulus
et Ipomoea) dont la teinte est proche de la médaille
militaire Purple Heart, retrouvée un peu plus bas sur le pelage du
« chien de chasse ».
La belle et la bête. La
belle est bête. Qui prononce ces paroles ? Nous verrons bien.
Ce qu'on peut dire, c'est que cette présence est à la fois critique
et magnanime.
Dans la pensée
traditionnelle, l'exercice de la guerre est l'apanage de la seconde
caste constituée par les kshatriyas (dans la terminologie
hindouiste). Qui n'est pas un kshatriya n'a pas son mot à dire à ce
sujet, sauf la première caste, celle des prêtres (brahmanes). La
guerre est donc empreinte de spiritualité ; elle se joue dans
les règles de l'art, règles rigoureuses. César est bien un
kshatriya mais aucune caution spirituelle n'intervient. Il en découle
que le conflit sort de son cadre traditionnel. Elle outrepasse les
frontières de l'échiquier sur lequel elle devrait se cantonner et
impose l'engagement de non-professionnels.
Un navire toutes voiles
pour nulle part, laissant tout. « Nowhere » et « any
place », autrement dit « Nowhere » (hors échiquier,
hors tradition, hors-la-loi) et « anywhere » (les
recrues, sommées d'aller à la guerre, affluent de partout au sens
de « n'importe où »). La belle envolée héroïque à
laquelle on avait d'abord cru se transforme en cauchemar, l'été
devient hiver, la guerre est une boucherie. Les conscrits y
participent mais la Présence délaisse la critique et manifeste sa
clémence : « Ta disgrâce n'en est pas une. » Tu
perds peut-être sur le terrain militaire, tu as peut-être honte de
ce qu'on t'a demandé de faire ou de ce que tu as fait pour ne pas
mourir mais tu n'as rien à te reprocher.
La conscription
obligatoire, décrétée en France à l'occasion de la Première
guerre mondiale, est une mise à mort égalitariste opérée pour le
bénéfice de quelques-uns. Elle est l'engeance du républicanisme et
du nationalisme. Il n'est pas inutile de lire ou de relire La France
contre les robots, de Georges Bernanos, exposition magistrale de la
mécanisation grandissante, mortifère, de l'Occident « moderne ».
Que des navires de guerre
soient une source d'information montre la massification ténébreuse
du cycle historique actuel. Ils représentent l'exact inverse de la
parole de la Présence. Dans l'âge de fer actuel, l'être humain a
régressé au stade de quadrupède tourmenté mais le « roman
national » (expression très courante, si l'on fait bien
attention) grime le chien de chasse en acteur de sa défense. Son
pelage, donc, rappelle la belle-de-jour et la récompense de la
médaille. Non qu'il faille comprendre que tous ceux à qui la Purple
Heart (et autres décorations) est décernée sont des crétins ou
des gens qui ne la méritent pas. Ce n'est pas du tout le propos de
la chanson (ni le mien). Ce qui est visé, ici, c'est la « raison
d'Etat » et ceux qui l'instrumentalisent.
Toujours selon la
philosophie pérenne, l'espace et le temps sont qualifiés. Ils
expriment, en vertu du principe d'analogie, des principes
anhistoriques. Leurs « accidents » (naturels et
artificiels, comme la construction d'édifices en tel ou tel lieu)
n'en sont pas. « Lost in summer, morning winter » :
l'homme de l'âge de fer est décentré de la Tradition. C'est du
tréfonds de la merde (« dirty holes »), véritable
centrale contre-initiatique, que remontent des armées d'humains
émondés, fanatisés, aveuglés, dégradés, drogués de victoire en
chantant ("death defying"), simulacres du kshatriya véritable. C'est aussi au point le plus inférieur que le retournement
se produit : « your position », bien sûr, n'a rien
à voir avec une carte d'état-major. Qui est alors cette Présence ?
Un gnostique dirait qu'il ne peut en aucun cas s'agir du Dieu des
armées, du Jéhovah-Démiurge agressif et colérique de l'Ancienne
Alliance. L'autre Dieu ? Le « vrai » Dieu, le
premier, le seul, la vraie source ? Je vous laisse voir. Pour ou
contre l'interventionnisme américain, français, etc : je vous
laisse voir. J'ai bien sûr mes idées là-dessus mais, pour
l'instant, je me tais, j'écoute Yes.
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