The
Dedalus Book of the 1960s est le premier ouvrage, paru en 2001, de
Gary Lachman, connu également sous son nom de scène Gary Valentine,
guitariste, membre fondateur de Blondie. D'autres livres signés
Lachman n'ont pas tardé à suivre. Leur point commun est de dégager
une constante dans le rapport ésotérisme/occultisme et pop culture,
à l'instar des recherches et créations menées par PacômeThiellement et Thomas Bertay.
Lachman
reconnaît bien volontiers que, trop jeune à l'époque, il n'a pas
réellement connu l'aventure des années 60 mais qu'il en capté ce
que donnaient les médias et la littérature. Parvenu à l'âge
adulte au cours des années 70, il a eu accès aux vestiges de ce
qu'il nomme une Atlantide contreculturelle. La métaphore est tout à fait
valable, peut-être encore plus que ce qu'il croit. Le sens d'un
passé marqué par de Grands Anciens peut s'entendre de plusieurs
manières : il y a ceux de la décennie elle-même : Leary,
Lennon, Watts, Ginsberg, Manson, La Vey, etc, mais il y a également
toutes les racines ésotériques et occultistes récupérées, ou
redécouvertes, par les années 60. C'est ainsi que dans l'ouvrage de
Lachman sont plusieurs fois mentionnés Lovecraft, Tolkien et
Crowley.
Qu'ils
soient « anciens » des sixties ou pères fondateurs de la
littérature fantastique d'expression anglaise, le point commun qui
s'exprime à travers ces manifestations est un intérêt
irrépressible pour l'occultisme et le mysticisme. Ici, il est
important de souligner que Lachman, sous prétexte d'avoir en quelque
sorte loupé le coche, aurait très bien pu se livrer à un exercice
d'hagiographie. Il n'en est rien, et c'est un des points forts du
livre : la conservation d'un équilibre entre la délectation et
la distanciation critique (non dénuée d'humour). Lachman révèle
qu'à la sortie de son ouvrage, il a été plus d'une fois critiqué
pour avoir, si l'on veut, torpillé cette folle décennie et
fortement assombri le tableau. Son approche est en réalité beaucoup
plus mesurée ; si j'ose dire, Lachman n'a pas la posture
angéliste consistant à cautionner le satanisme (ou ce qui, alors,
passa pour tel).
Personnellement,
j'en suis ressorti avec la conviction, déjà bien des fois assurée,
que les États-Unis, et en particulier son propre « occident »,
la Californie, étaient un terrain propice à la manifestation de
phénomènes de nature hadale (comme il me semble le voir dans le roman de Richard Laymon The Cellar). Une nouvelle Atlantide, et qui
connaîtra le destin de la précédente. Ce n'est pas, cela dit, la
conclusion de Lachman (qui se penche également sur la situation au Royaume-Uni). Mon avis n'engage que moi.
The
Dedalus Book of the 1960s est à la fois un regard personnel, le
fruit d'une réflexion bien informée mais aussi, plus simplement,
une très bonne entrée en matière pour tout lecteur désireux de
mieux comprendre les années soixante à la fois dans leurs chatoiements les plus enchanteurs et leurs ressorts les plus obscurs ou
les moins évidents.
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