dimanche 16 juillet 2017

The Black Alchemist, d'Andrew Collins

Ce livre se veut le compte-rendu non fictionnel d'une enquête menée entre 1985 et 1988. À l'époque journaliste du Leigh Times (Leigh-on-Sea se situe dans l'Essex), Andrew Collins, féru de folklore et de paranormal, se lance en compagnie d'un ami clairvoyant et clairaudiant sur la piste d'un objet magique, le Gourdin de Nizar, censé avoir été rapporté en Angleterre pendant les Croisades. Au courte de cette recherche menée en 1985, Collins et son ami Bernard détectent la présence d'un individu mystérieux, bien vite surnommé l'Alchimiste Noir en raison des rituels ténébreux qu'il mène çà et là dans la campagne anglaise. Çà et là mais jamais au hasard et dans un but précis qui ne sera découvert qu'en 1988. Le Gourdin de Nizar est un peu délaissé car les menées de l'Alchimiste semblent vouloir culminer en un événement déterminant et redoutable, rien moins que la "naissance" de l'Antéchrist, ou d'un antéchrist.

Je souhaite faire quelques remarques, un peu pêle-mêle sans doute, mais qui, au demeurant, n'engagent que moi.

Si je me mets à la place d'un lecteur non averti, ce livre semble être une arnaque absolue, un bel exercice de mythomanie. Ce stade est dépassable et l'ouvrage peut se lire "comme un roman", à ceci près que ce serait un roman bordélique puisqu'à la fin, on ne sait toujours pas, concrètement, qui est l'Alchimiste Noir. On ne trouve pas davantage d'interactions avec la population locale, qui reste dans l'ignorance complète de ce qui se passe ou est censé se passer. Seuls Andrew Collins, Bernard et quelques amis et contacts possédant des perceptions extrasensorielles suivent l'évolution de la situation. En outre, l'auteur déclare que l'affaire n'est pas terminée malgré l'échec de la "naissance". On est alors en droit de suspecter l'établissement d'un fond de commerce lucratif, d'autant plus qu'une suite a été donnée à ce livre en 1993 (suite qu'à ce jour, je n'ai pas lue) et qu'en 2015, à l'occasion d'une nouvelle édition revue et augmentée (celle que j'utilise pour la présente note de lecture), Collins n'a pas changé d'avis. Il peut même sembler scandaleux d'avoir semblé récupérer l'événement de la tempête des 15 et 16 octobre 1987 (au cours de laquelle vingt personnes périrent en Angleterre) pour en faire une manifestation paranormale en rapport direct avec l'Alchimiste Noir.

Néanmoins, l'accès à l'information permet aujourd'hui (et ce quelles que soient les méthodes utilisées) de constater que, très réellement, des énergies très obscures sont manipulées par des individus dangereux et agissant dans l'ombre. Non: The Black Alchemist n'est pas un roman. Qui veut consacrer un peu de son temps à une étude sérieuse et indépendante verra sans difficulté que le livre d'Andrew Collins ne présente aucune incohérence quant aux dates, lieux, références culturelles. Une piste de recherches possible est le culte voué à Hécate, la magie gréco-égyptienne (pratiquée, entre autres, par Zosime de Panopolis, alchimiste et gnostique du IIIè siècle ap. J.-C.). On peut aussi se pencher sur ce que signifie, dans le courant de pensée pérennialiste, la contre-initiation. Enfin, il n'est pas inintéressant de s'attarder sur la question de la géographie sacrée. En effet, si l'Antéchrist est censé voir le jour dans la région de l'ancienne Babylone (sud de l'Irak actuel), on découvrira que ce que représente cette ancienne cité se retrouve, comme des "centres secondaires" par rapport à elle, dans des zones géographiques fort éloignées du Moyen-Orient et a priori sans le moindre rapport avec le sujet qui nous occupe. Il n'en est pourtant rien et ce n'est pas moi qui le décrète. Personne, d'ailleurs, ne le décide mais il se trouve que Collins, dans sa tentative d'entraver les desseins de l'Alchimiste Noir, a mis à jour des alignements non aléatoires et vérifiables entre différentes localisations de première importance, entre autres le tracé d'une ligne droite entre le Géant de Wilmington et une sorte de tertre naturel appelé Paradise Hill (où se joue une lutte occulte et décisive), à une distance très courte d'un autre endroit nommé... Babylon. Des "résonances" de différents ordres sont perceptibles si on sait orienter son regard. Cela pouvait sembler impossible dans les années 80, à la première parution de ce livre, mais depuis (et Collins le souligne lui-même), nous commençons à nous familiariser avec le concept d'intrication quantique.

Lors de sa première sortie, The Black Alchemist a suscité des réaction violentes dans certains milieux chrétiens fondamentalistes du sud de l'Angleterre. En gros, on voulait bien croire au Diable mais il n'était pas question de le combattre en dehors, je ne vais pas dire de l'Eglise, mais de certaines églises protestantes qui se sentaient concernées. On connaît ça depuis Simon le magicien et Hélène. Par la suite, Andrew Collins s'est penché sur la question des civilisations antiques comme l'Atlantide, le Sphinx, les pyramides et les mystérieuses ruines de Göbekli Tepe. Il me reste encore beaucoup à lire de ce chercheur indépendant mais, en ce qui me concerne, il est clair qu'il n'y a plus d'excuse: The Black Alchemist n'est absolument pas à négliger.        


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